Le citoyen et la citée d'Athènes

LE CITOYEN ET LA CITE D’ATHENES

V° SIECLE AVANT J.C.

Introduction

Dans l’Antiquité, la politique est toujours l’affaire de rois d’empereurs de tyrans, ou tous les individus sont des sujets qui n’ont que des devoirs.

Il en est ainsi dans la Grèce d’avant le V° siècle (cf guerre de Troie)

L'agora Romaine d'Athènes

La Grèce n’est pas un pays au sens moderne du terme, elle est constituée d’un ensemble de petits états indépendants (des cités) situés d’abord sur l’essentiel de l’espace grec actuel (plus de 700)

Le monde grec désignera plus tard un ensemble bien plus vaste, incluant le sud de l’Italie, la Sicile, les bords de la mer noire et les côtes de la Turquie actuelle (mot de Platon )( plus 300 autres)

La cité grecque n’est généralement pas très grande, ni très peuplée. Elle tient à son indépendance et à son identité, elle coule sa monnaie. Elle est composée d’une Acropole sur une hauteur fortifiée, d’une ville à ses pieds avec tout autour la campagne.

Athènes est une cité comme les autres, même si avec ses 2 500 Kms2 elle fait figure de géante C’est au VI° siècle et surtout au V° qu’elle va se donner toute son originalité et dominer le monde grec de son prestige et de son rayonnement intellectuel et artistique.

        I°) la naissance de la démocratie

A l’origine, à Athènes, le pouvoir est aux mains de l’aristocratie, les « Eupatrides », les « bien nés », en fait les riches (seuls cavaliers). C’est d’entre eux que sont élus archontes et magistrats qui gèrent la cité.

L’accroissement de la population provoque un émiettement des terres et un appauvrissement des petits paysans. C’est cette crise agraire qui sera à l’origine des réformes qui fonderont la Démocratie.

Avant 620, établissement de lois écrites, très sévères, et pour tout athénien. Peut être conséquence de l’importance grandissante de l’hoplite ? (Lois de Dracon).

Après 594, l’Archonte Solon abolit les dettes et interdit de réduire en esclavage pour dettes.

En 508 - 507, Clisthène découpe le territoire de l’Attique en districts (3 : la côte, l’intérieur et la ville) eux mêmes en 10 secteurs, les Trittyes, eux même en 139 Dèmes. La tribu regroupe 3 trittyes (une de chaque district) qui ont les mêmes fêtes et siègent ensemble à l’Ecclésia. C’est une façon de casser le clientélisme de l’aristocratie.

Il crée aussi la Boulé (conseil des 500) recruté par tirage au sort, 50 par tribu (tout citoyen de + de 30 ans.

Les lois de Clisthène sont l’acte de naissance de la démocratie.

          II°) La démocratie athénienne

C’est un régime qui se veut égalitaire, direct et non représentatif. 4 fois/mois, les citoyens se réunissent à l’Ecclésia sur la colline du Pnyx, votent les lois et débattent des affaires importantes. Tout citoyen peut déposer un projet de loi et intervenir oralement.

Ces réunions sont préparées à la Boulé (2 fois dans une vie)

Le tribunal de l’Héliée aux 6000 jurés tirés au sort, siège par sections de quelques centaines de membres pour rendre la justice.

La Boulé et l’Héliée ont leur siège près de l’Agora

Les magistrats chargés de l’application des lois sont aussi tirés au sort pour 1 an, ils doivent rendre des comptes devant la Boulée à la fin de leur exercice. Vers 450 avant J.C., Périclès fait rémunérer les citoyens en fonction par soucis d’égalité.

L’ostracisme permet d’exiler temporairement un citoyen jugé dangereux pour la démocratie (Thémistocle). Il faut 6000 citoyens

Rotation des charges et tirage au sort sont le fondement de la démocratie athénienne. Chaque citoyen est apte à exercer une fonction publique. C’est un non au professionnalisme politique.

III°) Les limites de la démocratie

Près de 400 000 habitants en Attique, seulement 40 000 citoyens.

Certains citoyens, pauvres, éloignés d’Athènes ne peuvent quitter leurs travaux, par contre, les riches, aux nombreux esclaves consacrent l’essentiel de leur temps aux affaires de l’état (c’est le cas de Périclès)

La plus haute magistrature (Stratège) réservée aux fortunés car elle suppose qu’ils supportent les frais d’équipement de la cité.

Flatter les foules peut entraîner la tyrannie. Périclès élu 15 fois a toujours respecté la légalité.

Importance de la parole, clé de toute autorité. Qui sait bien parler, débattre, argumenter, emporte la décision.

IV°) Qui est et qui n’est pas citoyen ?

- Pour être citoyen il faut :

Etre né de parents grecs mariés légitimement.

S’inscrire dans son dème dés 18 ans et suivre une période militaire (l’éphébie) qui fait de vous un citoyen entier.

Exceptionnellement, la citoyenneté est donnée à un non athénien par un vote à bulletin secret d’au moins 6000 votants.

Mais la citoyenneté impose des devoirs : l’athénien consacre une large partie de son temps à sa cité : 4 fois par mois se rend à l’Agora, mais plus souvent dans son dème pour gérer les affaires courantes. Il peut être appelé à participer au pouvoir de la cité, et plus sûrement encore à défendre cette dernière par les armes.

Ne sont pas citoyens :

Les femmes, elles transmettent la citoyenneté, mais à part lors des fêtes religieuses, elles restent confinées aux travaux du foyer et ne sortent guère.

Les étrangers : les métèques, commerçants ou artisans, peuvent travailler et résider dans la cité avec le paiement d’une taxe minime, ils ont accès à la justice, doivent aussi se battre pour la défense de la cité.

Les esclaves (environ 150 000) sont la propriété de leur maître, n’ont aucun droit mais sont mobilisés en cas de guerre si besoin est (occasion de s’émanciper)

V°) La religion

Ils sont polythéistes : panthéon de 12 dieux majeurs et d’un grand nombre de secondaires. Ces dieux ont les apparences et les comportements des hommes. La mythologie grecque est mouvante, de même il n’existe pas de dogme officiel. La religion est affaire privée, dans chaque foyer, mais aussi civique : la cité a ses dieux (le premier roi d’Athènes était Erichtonios, fils légendaire d’Ephaistos et de Gé la terre) 2 fêtes majeures :- 6 jours tous les 4 ans en juillet, les Panathénées en l’honneur d’Athéna et    - les fêtes en l’honneur de Dionysos avec processions et concours dramatiques.

Ces festivités financées par les citoyens fortunés. Elles consacrent l’unité de la cité.

Le système politique et judiciaire d’Athènes a développé la nécessité de raisonner, d’argumenter, d’être logique. Aussi de nombreuses « écoles » sont ouvertes aux penseurs, artistes et scientifiques du monde grec.

Le théâtre passionne la cité, les tragiques comme Eschyle (les Perses) ou Sophocle (qui exploite passé et légendes) ou les comiques comme Aristophane (réflexions sur la société : les guêpes, Lysistrata)

De grands historiens jettent les bases de cette science : Hérodote (recueillir des témoignages), Thucydide (réflexion sur les événements)

Enfin Socrate et Platon influencent la philosophie des siècles durant.

La cité athénienne resplendit aussi par la majesté et l’importance des travaux qu’elle fit entreprendre, civils ou religieux, les vestiges du Parthénon en sont témoins. Les sculptures de Polyclète, de Myron et de Phidias ont traversé les âges, tout comme les poteries des artisans du quartier céramique.

VI°) Grandeur et déclin

La gloire d’Athènes se forge dans les combats qu’elle a su mener contre les Perses lors des guerres Médiques (Marathon - Salamine). Cité héroïque face à l’agression des Perses, les athéniens en déduisent un sentiment de supériorité envers les non grecs : les Barbares, mais aussi envers les autres grecs qui n’ont pas eu leur courage.

Son prestige attire autour d’elle un grand nombre de cités regroupées dans la ligue de Délos. Les redevances versées par les autres cités lui donnent des moyens financiers considérables.

Elle se lance alors dans des aventures militaires incertaines et finit par connaître de graves échecs vers la fin du siècle (guerre du Péloponnèse contre une coalition menée par Sparte). Elle doit finalement se rendre en 404. Un demi siècle plus tard l’aventure d’Alexandre commencera. A cette époque Athènes est rentrée dans le rang.

Athènes la nuit!